« C’est le dernier
ULBiste
en date dans
le cercle restreint des lauréats d’une
bourse ERC (European Research
Council) Consolidator Grant. A
partir de septembre et pendant 5
ans, Joel Fine bénéficiera donc d’un
financement pour son projet de
recherche en géométrie différentielle.
Son sujet suggère un nouveau lien
entre la géométrie symplectique et
les équations d’Einstein. Alors que la
géométrie symplectique se focalise
sur les équations de mouvement de la
mécanique classique (et est le point
de départ pour la quantification), les
équations d’Einstein, elles, décrivent
les formes potentielles de l’univers.
« L’originalité de ma découverte, de
ce pont, est que les deux géométries
en présence se situent dans des
dimensions totalement différentes.
La géométrie symplectique intervient
dans un espace de dimension 6
alors que la géométrie dans laquelle
interviennent les équations d’Einstein
se situe dans un espace de dimension
4. Il y a par exemple des problèmes en
symplectique qui sont compliqués à
résoudre. Par contre, leur traduction
dans la géométrie d’Einstein est
beaucoup plus compréhensible »,
explique le mathématicien.
Un outil puissant sans usage
prévu.
Mais quel va être l’intérêt concret de
cette découverte ? A cette question,
Joel Fine ne peut pas encore répondre.
Et cela tient principalement à l’essence
de la recherche fondamentale que
finance l’ERC. « Souvent, le grand public
considère la science de la manière
suivante : face à un problème, on
cherche des solutions et, au final, on
invente quelque chose. Mais c’est une
façon erronée de raisonner. La science
fondamentale ne fonctionne pas comme
ça. Et les grands sauts scientifiques ont
souvent été réalisés par des hommes
qui ne connaissaient pas la portée
future de leur étude ». Pour soutenir
son propos, Joel Fine aime à citer Jean-
Pierre Bourguignon, président de l’ERC.
« La découverte de l’ordinateur ou,
plus récemment, celle du GPS sont de
magnifiques exemples de l’importance
de la recherche fondamentale. Pouvoir
localiser précisément une voiture dans
une rue et pas dans une autre. Sans les
équations d’Einstein, c’était impossible.
Or, la découverte du GPS intervient 60
ans après l’écriture de cette équation.
On crée des outils puissants sans en
connaitre les usages au préalable ».
Le parcours d’un homme
chanceux
Chercheur au sein du service de
Géométrie différentielle en Faculté
des Sciences, Joel Fine est professeur
permanent de l’ULB. Une fonction
passionnante qu’il occupe depuis
2009, mais qui lui prend énormément
de temps. « L’ERC arrive à un bon
moment et va me permettre de lever le
pied sur mes activités de professeur
». Une bonne nouvelle pour lui et pour
le monde de la recherche... Depuis ses
débuts, le mathématicien anglais de
37 ans a côtoyé les plus grands de la
discipline. « De 1996 à 2000, j’ai fait
mes études à Oxford. Mon professeur
d’atelier n’était autre que Dame Frances
Kirwan. Cette dernière m’a ensuite
présenté à Sir Simon Donaldson dont
je suis devenu le doctorant à Londres.
En l’espace de moins de 10 ans, j’ai
eu la chance de suivre deux des plus
grands mathématiciens du XXIe
siècle.
Sans avoir rien fait, j’ai eu la meilleure
formation possible ». »
Source : Bastien Craninx, Joel Fine Nouvelle ERC Grant en mathématique, Esprit libre, juin-juillet-août 2015, n° 38.
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Dernière mise à jour : mercredi 14 avril 2021